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e court-métrage 100 Years: The Movie You'll Never See, réalisé par le cinéaste Robert Rodriguez en 2015, est une œuvre unique en son genre qui allie cinéma, art, technologie et un concept visionnaire : il s’agit d'un film destiné à être vu seulement 100 ans après sa création. Le projet, produit par Louis XIII Cognac, fait partie d'une campagne publicitaire audacieuse, mais bien plus que cela, il invite à une réflexion sur la mémoire, l'attente, et l'évolution du cinéma et de la société au cours d’un siècle.

L'origine du projet : une collaboration singulière

Le film a été conçu à l'initiative de Louis XIII, une marque de cognac de luxe, qui cherchait à marquer le centenaire de sa propre histoire d'une manière inédite. Pour ce faire, la marque a décidé de créer un film dont la projection ne serait possible que dans 100 ans. Robert Rodriguez, un cinéaste réputé pour ses films d’action et ses expérimentations stylistiques (comme Sin City ou Desperado), a été choisi pour réaliser ce projet. Le concept même de créer une œuvre destinée à n’être vue qu’un siècle plus tard est fascinant et soulève des questions profondes sur la pérennité des œuvres artistiques et l’aspect éphémère de notre époque.

Le court-métrage a été conçu comme une capsule temporelle, un film "scellé" dans un contenant indestructible, pour symboliser l’idée d’un art qui traverse le temps. Il a été enregistré et stocké dans un coffre spécial, conçu pour se déverrouiller automatiquement dans 100 ans. Ce coffre a été fabriqué à partir d’un matériau résistant et durable, ce qui garantit la préservation de l’œuvre au-delà de toute technologie actuelle.

100 Years: The Movie You'll Never See © Claudio Miranda, directeur de la photographie

Un film scellé dans le temps

Le court-métrage lui-même dure environ 7 minutes, une durée assez courte pour le rendre efficace en termes de narration et d’impact visuel. Son scénario, très mystérieux et onirique, est centré autour d'une histoire d’un personnage qui semble traverser une expérience sensorielle transcendante. Le film est dominé par un style visuel épuré et moderne, où les éléments de science-fiction, d’art et de suspense se mêlent.

Rodriguez, avec son sens aigu de la narration visuelle, a créé une œuvre extrêmement stylisée, où les couleurs, la musique et les effets visuels sont utilisés pour mettre en valeur un thème universel : la perception du temps et de l’espace. Tout au long du film, l'idée de l'inaccessible, de l'attente d’un futur incertain, est palpable. La sensation de transcendance qui se dégage du court-métrage est accentuée par un traitement artistique qui mélange le traditionnel avec le futuriste, une métaphore de la manière dont les générations futures percevront l'art et la culture.

100 Years: The Movie You'll Never See © Claudio Miranda, directeur de la photographie

La dimension technologique : le coffre et le film numérique

Une des particularités de ce projet réside dans l’utilisation d’une technologie avancée pour garantir la pérennité du film. Le film a été enregistré sur une pellicule spéciale, et l’objet qui contient cette pellicule, le fameux coffre, a été conçu pour résister à l’épreuve du temps, mais aussi des éléments. Ce coffre est fait d’un matériau exclusif qui ne se déverrouillera que dans 100 ans, après avoir été activé par un mécanisme précis. Cette forme de technologie de conservation a été au cœur du projet, et elle incarne une idée particulièrement forte : celui de la valeur intemporelle de l’art, que ce soit au niveau de sa création, de sa conservation, ou de sa transmission.

L’idée d’un film « scellé » est une métaphore de la manière dont nous, aujourd’hui, percevons les œuvres du passé. Celles-ci sont souvent soumises aux caprices du temps, des conflits, ou des évolutions technologiques, et il n'est pas toujours possible de préserver intégralement la vision d’un créateur à travers les âges. Le concept de 100 Years: The Movie You'll Never See est un geste radicalement différent, celui d'un film conçu pour ne jamais être altéré, et qui pourrait peut-être être le seul lien restant avec une époque révolue.

100 Years: The Movie You'll Never See © Claudio Miranda, directeur de la photographie

La philosophie du temps et de l'art

Au-delà de sa dimension technologique, le projet pousse à une réflexion plus profonde sur la nature du cinéma et de l’art en général. Le concept de créer une œuvre qui ne sera vue que dans un siècle met en lumière des problématiques liées à la mémoire et à la place de l'art dans la société. Alors que nous vivons à une époque où l’information et les créations sont constamment accessibles, ce projet rappelle que certaines œuvres, dans leur essence, sont vouées à un destin à long terme. Le fait de devoir attendre 100 ans pour découvrir ce film questionne également la notion de patience, d'attente, et la relation que nous avons avec les objets culturels : sont-ils moins précieux si nous pouvons y accéder immédiatement, ou devient-il plus précieux lorsqu’il est ancré dans l’histoire ?

Les films, comme toutes les formes d'art, traversent le temps, mais le temps ne les rend pas toujours plus accessibles. 100 Years: The Movie You'll Never See incarne cette idée, car le film sera un art de l’avenir, une œuvre qui n’aura de sens que dans un contexte que nous ne connaissons pas encore.

Rémy Martin Louis XIII, bouteille de cognac en édition limitée à l’occasion du centenaire de la marque © Louis XIII

La réception du film et son impact

Depuis sa création, le projet a capté l’attention des médias et des critiques de cinéma. Bien que le court-métrage lui-même n’ait pas été montré au public à ce jour, la campagne de communication autour de ce projet a été un succès en elle-même. La notion d’un film "scellé", créé pour n’être vu que dans 100 ans, a suscité l’admiration des amateurs de cinéma, des experts en technologies, et des philosophes, qui ont vu dans cette initiative une manière innovante de traiter la question de la mémoire et de l’art.

L’un des grands succès de cette œuvre réside dans sa capacité à attirer l’attention non seulement des cinéphiles, mais aussi du grand public, en éveillant l’imaginaire collectif sur ce que pourrait être le cinéma du futur et comment nous percevons les œuvres artistiques dans le temps.

Un héritage pour le futur

Aujourd’hui, le projet semble non seulement une expérience artistique, mais aussi une réflexion sur l'héritage et la pérennité des œuvres de cinéma. En 2115, lorsque ce court-métrage sera enfin diffusé, il sera un témoignage du passé : un miroir de la culture cinématographique et de la société en 2015. Ce film, même s’il est toujours dans le futur, appartient déjà à l’histoire du cinéma et de la culture, et il porte en lui une vision révolutionnaire du lien entre l’art et le temps.

L'art au-delà du temps

100 Years: The Movie You’ll Never See est bien plus qu’un simple film. C’est une œuvre d’art philosophique et technologique qui questionne la place de l’art dans le temps, l’impact de la mémoire collective et la manière dont nous percevons l’éphémérité de nos créations. Robert Rodriguez, en collaboration avec Louis XIII Cognac, a non seulement réalisé un film, mais a également lancé une réflexion profonde sur l’avenir du cinéma, du luxe et de la mémoire. Ce projet unique en son genre nous rappelle que, même dans un monde où l’instantanéité et l’immédiateté semblent tout dominer, certaines œuvres sont destinées à résister à l’épreuve du temps, et qu’elles possèdent un pouvoir de réflexion infiniment plus grand qu’une simple projection.

Posted 
Nov 13, 2024
 in 
Cinéma
 category

Eva